Quelles questions se poser avant d'utiliser un antibiotique ?

pictoQuelles questions se poser avant d'utiliser un antibiotique ?

Vous vous apprêtez à utiliser un antibiotique. Est-ce ce qui est prévu par votre protocole de soins ?

Les résistances bactériennes aux antibiotiques sont un problème majeur de santé animale et de santé publique. Chacun doit se montrer vigilant au moment d’utiliser un antibiotique. Quelques questions simples vous permettront, sans bouleverser vos habitudes, de limiter très fortement le risque de contribuer à faire émerger des résistances. 

Ai-je tous les éléments me permettant d’identifier la maladie ? 

Pas de traitement efficace sans un bon diagnostic ! Avant d’ouvrir la pharmacie, commencez toujours par un examen aussi complet que possible de l’animal, faites le tour des symptômes apparents, si vous savez le faire, utilisez votre stéthoscope (très utile pour écouter les bruits digestifs des bovins). Prendre la température est essentiel ! C’est une information discriminante majeure pour prendre nombre de décisions de traitement. Faites-en un réflexe systématique.

Référez-vous à votre protocole de soins pour orienter votre diagnostic. En cas d’incertitude, de difficulté à décider, de symptôme inquiétant ou imprévu, appelez votre vétérinaire ! 

 

Suis-je certain que c’est une maladie bactérienne ? 

Une chose est certaine : les antibiotiques sont totalement inutiles contre les maladies provoquées par les virus et les parasites. Les utiliser en la circonstance, c’est prendre le risque – totalement superflu - d’y exposer des populations de bactéries utiles, de générer dans ces populations des phénomènes de résistance, qui pourront ensuite se transmettre à d’autres bactéries dangereuses.

On n’utilise pas un antibiotique « pour essayer » ou « au cas où » ! Si vous n’êtes-pas certain d’avoir reconnu une maladie provoquée par une bactérie, demandez-nous conseil avant de traiter.

 

Mon protocole de soins prévoit-il d’utiliser un antibiotique ? 

Votre protocole de soins est avant tout un outil prévu pour vous aider à utiliser les bons traitements aux bons moments. S’il ne prévoit pas d’antibiotique, c’est qu’ils ne sont pas utiles en la circonstance.

Si la situation que vous rencontrez n’est pas prévue dans votre protocole de soins, n’improvisez pas ! Prenez le téléphone. 

 

Ai-je bien l’antibiotique prévu dans le protocole de soins ? 

Tous les antibiotiques ne sont pas interchangeables ! Ils n’agissent pas tous ni de la même façon, ni sur les mêmes bactéries. De plus, les composants qui accompagnent la molécule active servent de véhicule et permettent d’atteindre et de cibler, plus ou moins, diverses parties de l’organisme. Une spécialité antibiotique mal choisie, mal adaptée, peut totalement manquer sa cible mais générer des résistances dans d’autres populations de bactéries inoffensives qu’il rencontrerait sur son passage. 

 

Le flacon est-il en bon état ? Périmé ? Entamé ? 

Un antibiotique périmé ou mal conservé perd son efficacité mais pas nécessairement sa capacité à générer des résistances ! Au contraire, en exposant les bactéries à des doses de molécules affadies, sans effet destructeur ou inhibiteur, elles auront toutes chances de s’y adapter et de développer des mécanismes de défense. C’est un risque à ne pas courir !

Vérifiez toujours la date de péremption d’un produit que vous conserviez dans votre pharmacie.

Si vous entamez un flacon, notez la date d’ouverture sur l’étiquette ou sur la boite. Elle vous sera très utile la fois suivante.

Enfin, conservez les produits, neufs et entamés, dans de bonnes conditions, dans une armoire tempérée, fermée, à l’abri de la lumière – ou au réfrigérateur si la notice le précise. 

 

Ai-je une quantité suffisante de cet antibiotique pour finir le traitement ? 

Avant de commencer à traiter consultez votre ordonnance et vérifiez que vous disposez bien d’une quantité suffisante d’antibiotique pour aller au bout du traitement.

Un traitement trop court ou à trop petite dose risquerait de laisser des populations de bactéries résiduelles, ayant potentiellement acquis une résistance, qui pourront provoquer une récidive, contaminer d’autres animaux, et qu’il sera alors extrêmement difficile de détruire en seconde intention ! 

 

L’animal a-t-il reçu un autre traitement précédemment ? S’agit-il d’une rechute ? 

En cas de non guérison, de rechute, il est rarement pertinent de réutiliser le même traitement, dans les mêmes conditions.

Certains traitements sont incompatibles ou simplement équivalents – donc inutiles à la suite les uns des autres. Un traitement antibiotique « en seconde intention » ou « en troisième intention » n’est pas du tout équivalent au même traitement utilisé au moment de l’apparition des symptômes.

Dans cette situation, le plus sage est de vérifier de votre protocole de soins – ou auprès de nous - si vous disposez des informations et du produit adapté pour gérer la suite. 

Quoi qu’il en soit, garder en tête deux idées simples : d’une part, tout traitement antibiotique, quel qu’il soit, est susceptible de générer des résistances mais surtout, tout traitement mal choisi, mal adapté, mal conduit, multiplie ce risque dans des proportions importantes.

Lutter contre l’antibiorésistance dans son élevage, c’est d’abord traiter correctement, sans improviser !