La leptospirose du cheval : ce qu'il faut savoir

 

 

La leptospirose est une maladie bactérienne ayant comme vecteur les rongeurs    (rats, souris).

La contamination se fait au travers de l’environnement, nous aborderons donc les moyens de prévention des risques. Nous verrons également les différentes atteintes sur l’organisme, le pronostic et les traitements. La Leptospirose est une zoonose, c’est-à-dire une maladie qui peut être transmise à l’homme. La prévention de cette maladie a donc son importance.

 

 

L’agent responsable de la Leptospirose et son cycle de transmission

 

Comme déjà indiqué, rappelons que la leptospirose est une maladie bactérienne. Elle est induite par la présence de Leptospires, bactéries spiralées (proche structurellement de Borrélia, agent de la maladie de Lyme) dont les souches pathogènes sont majoritairement regroupées dans l’espèce (sérogroupe) L. interrogans. Cette espèce regroupe de nombreux sérovars dont les souches sont toutes potentiellement pathogènes pour l’homme et de nombreux mammifères.

 

 

Les rongeurs sont les porteurs universels de nombreuses espèces de leptospires (bien que de nombreuses autres espèces d’animaux soient réservoirs : cervidés, bovins, caprins, chevaux, chiens). Le portage est rénal et l’excrétion se fait via les urines. La dilution de ces dernières dans les eaux, sols humides, flaques et boues implique sa virulence. Les leptospires sont des bactéries aérobies (nécessitant la présence de dioxygène pour se développer) pouvant vivre dans des environnements peu alcalins comme les sols. La température optimale se situe aux alentours de 20°C.

 

Schéma du cycle de transmission des Leptospires (voir le schéma inséré plus haute).

 

La transmission de la bactérie se fait soit de manière directe (par contact avec les urines, passage par voie transcutanée ou orale), soit de manière indirecte (par contact avec de l’eau souillée, de la boue ou encore les sols humides). La période de plus forte contamination se fait entre Juin et Novembre avec un pic entre Août et Octobre.

 

De par la localisation préférentielle de la bactérie dans l’organisme, les éléments virulents sont les suivants : urines, lait, spermes, avortons, matières génitales… L’excrétion peut durer plusieurs mois.

 

Chez le cheval le sérovar L Bratislava est majoritairement retrouvé.

 

 

Les symptômes de la leptospirose

 

Il est rare que l’expression clinique soit importante. Bien souvent on retrouve des formes bénignes.
Cependant il arrive que l’expression soit clinique et présente différentes formes, plus ou moins graves :

 

  • Forme suraiguë : rare mais mortelle.
  • Forme aiguë : le cheval est en hyperthermie (38,5-41°C), faible, ses muqueuses sont ictériques (jaunes, signe d’une atteinte hépatique), les urines foncées (brunes) à cause de la présence d’hématies et d’hémoglobine. On peut également observer des signes digestifs comme de la diarrhée. L’incubation de la maladie est d’environ 15 jours.
  • Forme chronique : On observe généralement une baisse de l’état général de l’animal, des épisodes fébriles, l’ictère est plus léger que dans la forme aiguë. Il est possible de remarquer une atteinte oculaire du type uvéite ou cataracte. La leptospirose peut également provoquer des avortements dans les trois derniers mois de gestion (la gestation de la jument est de 11 mois).

 

Le passage à une forme aiguë est possible si le cheval se retrouve exposé a un stress important.

 

Il a été reporté des cas d’uvéites et d’hémorragies pulmonaires chez des chevaux séropositifs. La Leptospirose induit également des atteintes rénales importantes, passant par la destruction des néphrons (unités fonctionnelles du rein). La filtration n’est donc plus permise. C’est la raison pour laquelle on retrouve des hématies (globules rouges) et de l’hémoglobine dans les urines.

 

Rappelons qu’il est assez rare, malgré une prévalence en augmentation, de retrouver des chevaux en forme suraiguë ou aiguë. Bien souvent l’atteinte passe relativement inaperçue. Une baisse de performance, un moins bon état général, une apathie ou encore la présence d’uvéite peuvent signer une atteinte chronique (la plus fréquente chez le cheval). Le diagnostic différentiel est important. En effet plusieurs atteintes parasitaires sanguines peuvent aussi mener à des signes cliniques similaires tels que : la piroplasmose, l’ehrlichiose ou encore la maladie de lyme. Ces maladies parasitaires évoluent souvent à bas bruit, elles n’ont pas pour autant aucune conséquence. Néanmoins il est important de relativiser. Il existe à ce jour de très bons outils diagnostics (de plus en plus précis) mais également des traitements efficaces (dont nous parlerons plus tard).

 

Petit point sur la clinique chez l’homme :

Rappelons le caractère zoonotique de cette maladie. On observe chez l’homme comme chez l’animal, une variabilité de symptômes. Allant de formes bénignes à des formes graves septicémiques. L’incubation est de 5 à 15 jours, une hyperthermie sera notable dans un premier temps, des symptômes méningés sont perceptibles, un ictère se forme autour du 5ème jour. S’en suit un syndrome rénal, des signes d’hémorragies. Cependant ce sont des cas rares, de maladies professionnelles ou de loisirs donc les cas sont sporadiques en France. Il convient néanmoins de rappeler que cette maladie est en recrudescence et qu’il faut rester vigilant.

 

 

Le diagnostic de la leptospirose

 

Les leptospires ont un « cycle de migration » au sein de l’organisme. Au début de l’infection, on retrouve ces bactéries dans le sang. Ce n’est qu’après une semaine qu’elles se retrouvent dans les reins (et dont l’excrétion en deviendra urinaire). Il conviendra donc de réaliser des prélèvements sanguins et urinaires.

 

On effectuera deux types de tests suite à ces prélèvements :

  • Diagnostics directs : mise en évidence des bactéries ou de leur génome (ADN), témoin « direct » de leur présence. Nous ne parlerons ici que de la PCR (c’est ce qui reviendra si vous faites un jour tester votre cheval et que nous allons tenter de vous expliquer e quelques lignes). La PCR ou « Polymerase chain reaction » consiste en l’amplification en chaine d’une portion d’intérêt de génome (soit d’ADN). Sachant que les souches pathogènes sont connues génétiquement, on tentera ainsi de les identifier à partir des échantillons pouvant contenir ou non la bactérie, en plaçant des amorces spécifiques des séquences recherchées.
  • Diagnostics indirects :
  1. MAT : Test de micro agglutination sur sérum permettant d’obtenir une idée de la quantité de leptospires infectants en faisant intervenir les anticorps (molécules chargées de la protection immunologique de l’organisme). Leur présence témoigne systématiquement de la présence de la bactérie. C’est une méthode de choix dans le diagnostic de la maladie. On réalise lors d’une phase aiguë, deux sérologies à deux semaines d’intervalle afin de déterminer s’il y a eu ou non séroconversion.
  2. ELISA : c’est aussi une méthode de recherche d’anticorps anti-leptospires.

 

La prévention des risques liés à la leptospirose

 

Cette maladie étant une maladie présente dans les environnements humides et répandue par les rongeurs. Plusieurs moyens de lutte peuvent être mis en place :

 

  • Lutte contre les « nuisibles » : placer des boites dans les lieux de stockage des aliments
  • Éviter l’accès aux zones humides de la pâture
  • Désinfecter les locaux assez régulièrement
  • Drainer les zones humides

 

Cette maladie touchant également les chiens avec une prévalence en augmentation et une clinique pouvant être grave. Il convient de surveiller également les chiens d’écuries. Il existe un vaccin pouvant les protéger contrairement aux chevaux (aucune AMM à ce jour).

 

Bien que cette maladie soit une zoonose, elle n’est pas à ce jour à déclaration obligatoire.

 

Le traitement de la leptospirose

 

Le principal traitement de la leptospirose consiste en l’administration d’antibiotiques par voie générale souvent des cyclines du type doxycycline ou des béta-lactamines du type amoxicilline. Le temps de traitement peut être de plusieurs semaines. Il faudra pendant cette durée veiller au transit des chevaux sous traitement. Le diagnostic passant par un examen laboratoire, le vétérinaire pourra être amené à adapter le traitement à l’état clinique de l’animal dans une optique d’antibiothérapie raisonnée. Traiter au plus précis sur un temps limité avec des posologies et administrations bien respectées pour éviter l’antibiorésistance.
L’utilisation d’antibiotiques ayant parfois un impact sur la flore intestinale, il peut être intéressant d’aider le cheval avec des compléments alimentaires de type Flore process des laboratoires MSD.

 

 

Sources :

  • Leptospiroses des équidés
  • Site des haras nationaux : Leptospiroses
  • Par F. Grosbois, P-H. Pitel, K. Maillard, F. Valon site internet du RESPE : Les infections lespospirosiques chez le cheval
  • Thèse d’exercice vétérinaire par Jauffrion Nastasia 2015 : Haddad N. et al. Les zoonoses infectieuses, Polycopié des unités de maladies contagieuses des écoles vétérinaires françaises, Merial (lyon), juin 2016, 215p.