Pathologies dorsales chez le cheval : Comment les éviter ?

 

Photographie extraite du site de Gillian Higgins, Anatomiste équine, biomécaniste, coach et professionnelle des thérapies du sport.
Photographie extraite du site de Gillian Higgins, Anatomiste équine, biomécaniste, coach et professionnelle des thérapies du sport.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Afin d’aborder les pathologies dorsales du cheval, il est important de comprendre la locomotion de ce dernier. Les symptômes peuvent être très divers et il convient de les repérer afin de pouvoir traiter les causes qui sont de deux origines : l’une ostéo-articulaire et l’autre des tissus mous (muscles et ligaments). Une fois le diagnostic posé, place au traitement mais la meilleure solution restera toujours la prévention... .

 

La morphologie du dos

 

Le dos est un complexe ostéo-musculaire mais aussi nerveux. L’axe dorsal du cheval est composé de sept vertèbres cervicales, dix-huit vertèbres thoraciques (formation du garrot du cheval à partir des processus épineux de ces vertèbres), six lombaires, cinq sacrales et douze à vingt-et-une coxigiennes. Cet axe est le siège de la moelle épinière à l’origine du départ de nombreux nerfs (moteurs et sensitifs) via les foramens (espaces osseux à partir desquels le passage des nerfs est permis). Le rachis (ou colonne vertébrale) est composé d’un ensemble de vertèbres liées entre-elles par des articulations synoviales. L’articulation synoviale ou diarthrose, se différencie des articulations fibreuses et cartilagineuses, par une grande mobilité, par une capsule articulaire tapissée en interne par une membrane épithélioïde sécrétante ou synoviale, par un espace intra-articulaire rempli de liquide synovial et par du cartilage aux extrémités osseuses en contact (Barone, 1989 ; Collin, 1990). Le dos est le siège de nombreux muscles, ces derniers permettant d’établir un ensemble de mouvements, ils sont donc à l’origine d’une partie de la locomotion. De part cette structure complexe et son rôle dans la locomotion (montée ou non), le dos du cheval peut être le siège de pathologies spécifiques (articulaires, squelettiques ou encore musculaires et ligamenteuses).

 

Les symptômes des dorsalgies

 

Les symptômes des pathologies dorsales du cheval peuvent être très diverses, d’évidentes à frustres. Comme pour de nombreuses pathologies, elles sont individu dépendant, l’expression de douleurs dorsales est donc propre à chaque cheval.

 

Mais qu’est-ce qu’une dorsalgie ? Il s’agit principalement d’une douleur située au niveau des vertèbres thoraciques, à proprement dit « le dos », les douleurs cervicales et lombaires étant respectivement, des cervicalgies et lombalgies. Néanmoins, il n’est pas impossible à la vue de la conformation du dos que des douleurs cervicales impactent (par compensation ou non) d’autres régions du dos.

 

Quelques signes d’appel fréquents peuvent attirer notre attention tels que : des douleurs lors du sanglage, en effet la selle étant placée sur la région thoracique, une inflammation en regard de celle-ci peut de ce fait révéler des atteintes (un équipement non adapté à la morphologie du cheval peut entraîner des zones de compressions, bloquants ainsi les mouvements). Il est également possible qu’une sensibilité au brossage soit repérée (cheval qui abaisse son dos lors du passage du bouchon, essaye de mordre, refuse le contact de la brosse). Certains signes plus handicapants peuvent aussi témoigner d’un dos douloureux comme des boiteries (nécessitant bien souvent l’intervention d’un vétérinaire pour le diagnostic), une baisse de performance, modification des allures, refus de faire certains exercices (sauts, déplacements latéraux, allures rassemblées...), un changement de comportement (cheval agressif), un cheval qui ne se roule plus ou moins, l’apparition de raideurs musculaires ou encore une amyotrophie (fonte musculaire). Il est parfois possible de repérer des positions antalgiques telles que le cheval campé… .

 

Les origines des douleurs dorsales      

 

Il convient dès lors de traiter des possibles causes des pathologies dorsales, dont deux origines sont répertoriées : l’une ostéo-articulaire et l’autre des tissus mous (muscles et ligaments).

·         Les affections ostéo-articulaires pouvant induire des dorsalgies sont les suivantes :

 Les malformations telles que la scoliose, déviation latérale et rotation de la colonne vertébrale ceci est à l’origine d’un défaut d’alignement des processus épineux. Une lordose correspondant à un dos dit « ensellé » ou encore une cyphose, phénomène inverse, le dos du cheval est voussé (plus fréquent en région lombaire).

 

Les phénomènes dégénératifs tels que, les conflits des processus épineux (CPE). Il y a en situation physiologique un espace entre les processus épineux. Dans un cas pathologique, ces processus entrent en contact les uns avec les autres, les examens radiographiques permettent de mettre en évidence des anomalies parmi lesquelles, une densification osseuse, des remodelages osseux accompagnés d’une réaction inflammatoire locale. Ces conflits pouvant aller jusqu’au chevauchement d’un processus épineux sur l’autre. Cependant aucun vrai lien entre la pathogénie et l’anatomie de lésion n’a été démontré.
Il convient également d’aborder les lésions dégénératives articulaires regroupées sous le nom d’arthropathies synoviales intervertébrales (ASIV). Sont observées des lésions du type, amincissement du cartilage articulaire, l’apparition d’ostéophytes (excroissance osseuse au voisinage d’une articulation), érosions (raréfaction du cartilage) ou encore de l’ankylose (baisse de mobilité des articulations). Il peut également exister de l’arthrose synoviale de ces vertèbres.

 

Les affections traumatiques parmi lesquelles, les fractures des processus épineux ou du corps vertébral.

 

Image extraite du centre de chirurgie ostéo-articulaire et du sport
Image extraite du centre de chirurgie ostéo-articulaire et du sport

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

·         Les affections des tissus mous :

Les pathologies dorsales liées au ligament supra-épineux : ce ligament s’insère sur les sommets des processus épineux. Une inflammation ou desmopathie (atteinte des ligaments) peuvent induire une perte de mobilité de l’axe sacré, de douleurs à la palpation ou encore de déformations localisées.

 

Les affections musculaires dans lesquelles on compte, les spasmes musculaires (défaut de symétrie dans le tonus musculaire), les traumatismes musculaires (induisant des raideurs, de l’inconfort...), ce sont les myalgies en général (douleurs musculaires).

 

Diagnostic et traitement des affections dorsales

 

Le diagnostic des dorsalgies nécessite l’intervention d’un vétérinaire via différents examens hiérarchisés comprenant : un examen statique (observations, palpations des membres, du rachis, recherche des zones de chaleur et de douleurs...) ainsi qu’un examen dynamique (flexions, observation du cheval en mouvement, test du surfaix, utilisation de capteurs…). Le vétérinaire peut être amené à réaliser des examens complémentaires tels que des images radiographiques (recherches des anomalies anatomiques, des anomalies traumatiques ou encore des anomalies osseuses) mais aussi des images échographiques (recherches des phénomènes inflammatoires, des ligamentopathies et desmopathies…). Les traitements des pathologies dorsales du cheval peuvent être de plusieurs natures. On compte parmi eux, des traitements plus ou moins invasifs comme des interventions chirurgicales dans le cadre de conflits des processus épineux, des infiltrations (injections locales dans le muscle d’anti-inflammatoire, corticoïde…), ou encore des mésothérapies. Ces deux dernières catégories sont comprises dans la catégorie des soins de dos dans le but d’obtenir une décontraction musculaire nécessaire à une bonne reprise du travail monté. Elles sont souvent proposées hors période de concours car les produits utilisés sont dopants. Néanmoins ils permettent de « passer un cap ».

 

La prévention des douleurs de dos du cheval

 

Les soins locaux peuvent également être utilisés en prévention, on compte parmi eux les cataplasmes d’argile (additionnés ou non à des huiles essentielles), les gels décontractants (chauffants ou rafraichissants). Mais l’utilisation de tapis, chemises ou ceintures de massages, comme préparation à l’effort ou pour aider à la récupération est également possible.

 

Notons également qu’il est possible de faire intervenir d’autres professionnels que le vétérinaire pour la prévention des douleurs de dos chez le cheval comme l’ostéopathe, le kinésithérapeute ou encore l’acuponcteur. Un suivi régulier pouvant être une clé de voutes dans les soins du dos apportés aux chevaux athlètes ou non.

 

Point sur l’équipement et le travail du cheval

 

Une étude a mis en évidence une corrélation entre l’utilisation d’un équipement inadapté, d’une mauvaise répartition du poids du cavalier et les pathologies dorsales du cheval. L’attention apportée au choix du matériel est donc primordiale, en effet une selle induisant des points de pression trop importants, dépassant en regard de la 17e vertèbre thoracique ou encore non fixe sur le dos du cheval peuvent être des facteurs favorisant les douleurs, l’inconfort et une baisse de la mobilité du dos. La pression exercée par la selle doit être uniformément répartie. Il est également important de choisir un tapis et/ou un amortisseur adapté à la morphologie du cheval et à l’adéquation de son dos à la selle. Si la selle comprime déjà le dos du cheval il est peu pertinent d’utiliser un amortisseur. Cependant sur un dos pouvant (suite à un arrêt prolongé par exemple) s’être démusclé, l’utilisation d’un amortisseur ou d’un pad permettant une meilleure cohésion de la selle au dos peut être judicieuse.

 

L’adaptation du travail monté peut également avoir son importance au-delà du matériel utilisé. Il est souvent recommandé de marcher longtemps son cheval pour échauffer la musculature, durant ces 20 minutes il est possible de demander des exercices de latéro-fléxion, déplacements latéraux, tout en recherchant une attitude basse et ronde. Galoper avant de trotter, en ligne droite ou sur des cercles larges, en recherchant la décontraction et la rondeur. Il convient ensuite de trotter toujours en recherchant à assouplir le cheval. Il ne faut pas perdre de vue la biomécanique du cheval, un cheval avec une attitude basse aura une amplitude de mouvements plus importante à contrario les allures relevées et rassemblées nécessitent une attitude plus haute et peuvent mettre des points de tension inconfortables. Ces concepts ont été définis dans des livres d’écuyers tels que La Guerinière ou encore Nuno Oliveira.

 

Un travail à pied pour améliorer les performances ? C’est en effet ce que valorise Gillian Higgins dans ses ouvrages, elle y présente l’intérêt des exercices de Pilate ces derniers permettraient d’augmenter la souplesse, de limiter les tensions et douleurs musculaires. Il est donc possible d’intégrer ces mouvements dans un cadre de travail avec son cheval afin d’améliorer le physique et les capacités de ce dernier.

 

Sources :

* 8th International Equitation Science Conference

 Royal (Dick) Veterinary School, Edinburgh 18th - 20th July 2012

 

* Les dorsalgies du cheval de sport : gestion pratique et approche thérapeutique

 Thèse vétérinaire présentée par Cyrille Piccot-Crézollet

 

* Equine Neck and Back Pathology

 Diagnosis and Treatment, Second Edition

 Edited by Frances M.D. Henson

 Department of Veterinary Medicine University of Cambridge UK

 

* Adéquation cavalier-selle et dos du cheval : utilité du tapis de selle à capteurs de pression et ses applications

 Thèse vétérinaire présentée par Hélène Bassin – 2013

 

* Pilate for horses, stretching exercices to improve core stability

 With Gillian Higgins in HORSE and PEOPLE